Wolf

C’est de la « petite attaque de lycanthropie » vécue par Jim Harrison que naquit Wolf. Une nuit, l’auteur rêve qu’en ramassant un loup heurté par une voiture, l’animal entre en lui, en son corps. Se réveillant brutalement, il bondit hors de son lit, ouvre la porte d’un coup : « J’ai frotté mes mains sur mon visage. J’ai senti comme de la fourrure sur ma peau. J’ai eu aussi l’impression de sentir un museau à la place de mon nez… Le tout a duré à peine vingt minutes. Mes chiens ne m’ont pas approché pendant plusieurs jours. »

Jim Harrison raconte son expérience à son ami, le scénariste Wesley Strick. Ils décident d’écrire un scénario, trouvent un producteur, Douglas Wick, et enfin un metteur en scène, Mike Nichols. Le réalisateur de Qui a peur de Virginia Woolf ? (1966) et du Lauréat (1967) s’éloigne d’une version fantastique du thème du loup-garou, privilégiant l’aspect kafkaïen de la transformation.

Le rôle de l’éditeur a été écrit pour Jack Nicholson, ami de longue date de Jim Harrison qu’il a d’ailleurs poussé à écrire pour le cinéma. C’était une évidence pour l’écrivain, et une réelle envie pour Nicholson, qui rêvait depuis des années d’un rôle de loup-garou.

Le film de Mike Nichols va au-delà du film d’horreur, il traite de l’aventure d’un homme qui devient autre, qui refuse sa condition. Il interroge « la sexualité, la violence, la mort, la dualité entre la construction rationnelle de la civilisation et les puissances de l’animalité, entre la conscience claire et le subconscient, le jour et la nuit. » (Mike Nichols, Le Figaro, 5 septembre 1994). Mais aussi la vieillesse, la fin. Mêlant thriller, horreur et film noir, Wolfconfirme que, quel que soit le lieu ou l’époque, l’homme est un loup pour l’homme.