Voyage à travers le cinéma français

« Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver. » C’est ainsi que Bertrand Tavernier, réalisateur de Voyage à travers le cinéma français, présente ce grand documentaire, fruit de six ans de travail. Le cinéaste n’avait pas d’idées préconçues, juste l’envie de (re) mettre en lumière ceux qu’il admire tant et qui l’ont construit. Pas de scénario précis non plus, ce fut donc l’avancée des recherches, la confrontation au matériel disponible et à la question des droits qui dirigea le travail.

« Vous êtes persuadé de connaître tout ça par cœur et arrive Tavernier, nous révélant la beauté pure », déclare Martin Scorsese, dont Bertrand Tavernier salue – avec ce titre-écho – le travail sur les documentaires A Personal Journey with Martin Scorsese Through American Movies et Il mio viaggio in Italia. Tavernier réhabilite ici des cinéastes oubliés, livre toute son affection pour Becker, Melville, Sautet, Carné ou encore Gabin, souligne le contexte historique et politique des films, décortique une scène, détaille un mouvement de caméra, fouille dans les souvenirs de tournage, révélant le travail de création et d’expérimentation des auteurs du cinéma français.

Comme un autoportrait en creux, c’est aussi l’histoire personnelle et artistique du cinéaste qui transparaît dans Voyage à travers le cinéma français. Bertrand Tavernier ne fait pas qu’assembler des scènes, « il les illumine par un commentaire éblouissant » (Jean-Claude Raspiengeas, La Croix, 18 mai 2016).

Follement généreux, avec plus de 400 extraits (sur près de 2 000 films et documents d’archives visionnés), ce Voyage a vocation à devenir un classique, une source d’inspiration pour les cinéphiles, les cinéastes, les assoiffés de cinéma.