Un temps pour mourir

Figure essentielle du cinéma mexicain, Arturo Ripstein est pourtant un réalisateur méconnu. Fils du producteur Alfredo Ripstein Jr., il fréquente dès son plus jeune âge les plateaux de cinéma et fait ses armes auprès de Luis Buñuel, dont il est l’assistant pour L’Ange exterminateur et Simon du désert. 

C’est en 1965, âgé seulement de 21 ans, qu’il réalise son premier film, Un temps pour mourir, produit par son père. Une seule condition est posée par la production : réaliser un western mexicain, genre à la mode, qui s’exporte bien, notamment en Allemagne. S’il en emprunte les codes, Un temps pour mourir renouvelle radicalement le standard mexicain. En salles, le public n’est pas au rendez-vous, mais le film parvient à éveiller l’intérêt de la critique.

Grand amateur de littérature, Ripstein s’entourera, durant toute sa carrière, de noms prestigieux de la littérature latino-américaine. Pour le scénario et les dialogues d'Un temps pour mourir, le cinéaste fait appel à Gabriel García Márquez et Carlos Fuentes, auteurs encore inconnus du grand public. À la croisée des genres, Ripstein livre un western personnel hors normes, cultivant ellipses et temps morts. En transparence, on devine déjà un motif majeur, qui traversera l’œuvre du cinéaste : le thème de la famille, impitoyable et dévastatrice. 

« Je parle souvent de la famille dans mes films, ce qui est une autre tradition du cinéma mexicain. L’amour que vous portent vos proches peut vous anéantir. […] J’aime dire que l’on peut faire éclater la cellule familiale. Cela va de pair avec l’éclatement de l’image ou de la narration. Il faut d’abord installer les tabous pour mieux les mettre en pièces. C’est d’ailleurs le fil conducteur de tout mon travail. Je revisite le mélodrame. » déclare le cinéaste. Devenu classique au Mexique, Un temps pour mourir introduit l’œuvre complexe, sombre et dérangeante d’Arturo Ripstein.