Plus féroces que les mâles

Né en 1915, Ralph Thomas fut machiniste puis monteur dans plusieurs studios britanniques comme Isleworth ou Elstree. Après la guerre, il entre à la Rank et y devient réalisateur. Connu pour avoir réalisé la série de films Doctor, adaptée des ouvrages de Richard Gordon, il est aussi le réalisateur deWhisky, vodka et jupon de fer (1956), A Tale of Two Cities (1958), d'après Dickens ou encore Les 39 marches (1959), remake du film d’Hitchcock.

Lorsque le cinéma britannique lance le mythe James Bond au cinéma en 1962, Ralph Thomas investit à son tour le film d’action et d’aventures. Mais il y rajoute une bonne dose d’humour et de dérision. Plus féroces que les mâles est une "jamesbonderie" pétrolière. Un puissant gang de tueuses en bikini dirigé par un chef mystérieux tente de s’emparer de groupes pétroliers. À leurs trousses : Hugh Drummonds, courtier en assurances et enquêteur-aventurier à ses heures perdues. Les mauvais garçons du genre deviennent ici de méchantes filles, de féroces beautés aux accents sadiques, parées de gadgets très efficaces. 

Bikinis, harpon et chignons explosifs, voilà donc l’argument de Plus féroces que les mâles. Argument largement suffisant pour le critique Albert Bolduc, dans le très sérieux Positif : « Tout véritable amateur se doit, par souci culturel, d’assister à ce film, car ce serait un vrai péché, un de ceux que même la confession ne saurait remettre, que de ne point aller voir, outre quelques jolies filles, la plus ravissante paire de tueuses à gages de toute l’histoire du cinéma. Une souriante et meurtrière ingénuité assure une communion exemplaire entre Sylva Koscina-Pénélope dont les appétits hétérosexuels obscurcissent quelque peu l’intellect, et Elke Sommer-Irma qui est, il suffit de la regarder faire quelques pas en bikini pour en avoir la preuve, le prodigieux cerveau de l’équipe. » (Positif n° 90, décembre 1967)