Billetterie

Marie-Octobre

de Julien Duvivier , France , 1959

Marie-Hélène Dumoulin (Danielle Darrieux), patronne d’une maison de couture, était Marie-Octobre pendant la guerre. Membre d’un groupe de résistants, elle a vu son chef et amant Castille arrêté et exécuté par les Allemands. Quinze ans plus tard, elle apprend que le réseau avait été dénoncé par l’un des siens. Elle réunit tous les survivants pour un dîner, bien décidée à démasquer le traître.

Marie-Octobre fut tourné dans des conditions inhabituelles : vingt-trois jours de tournage, filmage dans l’ordre chronologique, tous les comédiens présents en permanence sur le plateau (Duvivier était angoissé à l’idée qu’il arrive quelque chose à l’un d’entre eux), sans qu'ils connaissent le nom du traître avant que cela ne soit absolument nécessaire.

Adapté du roman de Jacques Robert, Marie-Octobre y est pourtant infidèle. Avec l’aide de l’auteur, Julien Duvivier remanie l’action (dans le livre, Marie-Octobre rend visite successivement aux membres du réseau), il resserre le drame, l’intensifie.

 

MARIE-OCTOBRE-1953-03

 

Dans ce quasi huis clos qui dure le temps de l’action, Duvivier retrouve l’atmosphère noire qui irrigue toute son œuvre. « Il y a parmi nous un traître dont le crime reste impuni… » annonce l’hôtesse. Qui est-il ? Et que faire de lui ? S’ensuit une étude précise de caractères, parfois un peu archétypaux, de la bourgeoisie française des années 1950. Tous ont pris des chemins différents : directrice de maison de couture, avocat, patron de cabaret, ouvrier serrurier, jésuite… Le doute, le mépris, l’incompréhension s’insinuent entre ceux qui autrefois étaient frères d’armes. Les rancœurs sont révélées au grand jour. Un seul a trahi mais tous ont leur part de faiblesse et de lâcheté.

Dans ce film d’acteurs, Julien Duvivier dissèque ses personnages, faisant ressortir ce qu’il y a de moins glorieux en eux. « Tout le drame réside dans les réactions provoquées par les uns chez les autres. L’objectif – tel qu’il se trouve employé ici – met en valeur chacune de ces réactions, chaque intention de geste, chaque nuance d’expression, et crée une tension intérieure, très différente de celle que pourrait créer l’optique théâtrale. Dans cet immense décor, c’est avant tout le règne du visage et du détail humains, donc le règne du cinéma. » (Marie Epstein, Cinéma 59 n° 33, février 1959)

Marie-Octobre
France, 1959, 1h30, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Julien Duvivier 
Scénario : Julien Duvivier, Jacques Robert, d’après le roman Marie-Octobre de Jacques Robert 
Dialogues : Henri Jeanson
Photo : Robert Lefebvre 
Musique : Jean Yatove 
Montage : Marthe Poncin 
Décors : Georges Wakhévitch 
Costumes : Jacques Heim 
Production : Orex Films, Société Française du Théâtre et Cinéma, Abbey Films, Doxa Films 
Interprètes : Danielle Darrieux (Marie-Hélène Dumoulin, dite Marie-Octobre), Bernard Blier (Julien Simoneau), Robert Dalban (Léon Blanchet), Paul Frankeur (Lucien Marinval), Jeanne Fusier-Gir (Victorine), Paul Guers (le père Yves Le Guéven), Daniel Ivernel (Robert Thibaud), Paul Meurisse (François Renaud-Picart), Serge Reggiani (Antoine Rougier), Noël Roquevert (Étienne Vandamme), Lino Ventura (Carlo Bernardi)

Sortie en France : 24 avril 1959

Ressortie DVD/Blu-ray en 2017

FILM RESTAURÉ 

 

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