Manon des sources

Seconde partie du grand drame provençal de Claude Berri, Manon des sources sort dans les salles françaises en novembre 1986, soit quelques mois après Jean de Florette, confirmant le succès de cette œuvre en deux temps.

En 1952, Pagnol tournait son Manon des sources. Plus de trente ans plus tard, Claude Berri opère dans l’ombre de Pagnol cinéaste et adapte le poignant second tome de L’Eau des collines. De l'écrivain, Berri hérite la simplicité des sentiments, les mots justes et la poésie brute, mais aussi la puissance du motif : le mythe de l’eau. Pagnol, cinéaste du verbe, revendiquait son goût du théâtre à l’écran, tout en livrant une image juste de sa Provence comme dans Angèle, Regain ou Les Lettres de mon moulin. Berri mettra, quant à lui, un point d’honneur à mettre en scène les paysages brûlants de Provence, sa nature violente et impétueuse. 

Avec Manon des sources, Berri livre le spectacle déchirant des passions humaines, une tragédie en deux actes sur le destin à l’œuvre. 

Daniel Auteuil continue d’émerveiller par la force de son Ugolin, innocent et coupable, hurlant son amour à travers les collines. Pour Emmanuelle Béart, dans le rôle de Manon, enfant sauvage, pleine d’une colère muette, c’est la révélation. De cette Manon farouche, Michel Sineux dira : « Dans cette "Electre au village provençal", Emmanuelle Béart confère, à ce qui est davantage un personnage catalyseur qu’un rôle, une présence fuyante et jaillissante qui soutient la métaphore de l’eau vive qui court les collines et le récit. » (Positif n° 311, janvier 1987)