Mademoiselle

Trois ans après le très hitchcockien Stoker, Park Chan-wook fait un retour attendu avec Mademoiselle, un thriller érotique surprenant qui marque sa troisième sélection au Festival de Cannes. 

Park Chan-wook est séduit, à la lecture de Du bout des doigts, de la romancière britannique Sarah Waters, par cette œuvre au style vif et par le magnétisme qui se dégage de ses personnages féminins : « L’une a un passé sombre et l’autre a un présent désespéré, cependant il se dégage des deux une grande individualité et beaucoup de charme. » En s'inspirant librement du roman, le cinéaste transpose l’intrigue policière du Londres victorien à la Corée colonisée des années 1930.

Pour raconter cette histoire d’amour sulfureuse, le réalisateur ne recule devant aucune prouesse visuelle. La photographie est confiée à Chung Chung-hoon, son fidèle collaborateur depuis Old Boy en 2003. Le résultat est superbe. On est saisi par l’éclat des costumes et par la composition des décors. Pour installer son intrigue, Park Chan-wook invente de toutes pièces une propriété extraordinaire et hybride, puisant tour à tour dans la culture européenne et japonaise. Ryu Seong-hie sera d’ailleurs récompensé par le jury cannois pour sa remarquable direction artistique.

Sous le vernis de ce drame en trois actes, alternant les points de vue, transparaissent les motifs qui hantent l’œuvre du réalisateur.Mademoiselle est une histoire de vengeance impétueuse et de manipulation, un jeu de dupes terrible où le plus coupable n’est pas forcément celui que l’on croit. Sur fond de lutte des classes, Park Chan-wook signe un film à la sensualité trouble et à l’atmosphère envoûtante.