Love 3D

« Mélodrame pornographique en 3D ». « Un film qui fera bander les mecs et pleurer les filles. » Avec ces quelques punchlines bien senties, un parfum de scandale et une forte odeur de soufre planent sur la Croisette lorsque Love, quatrième long métrage de Gaspar Noé, est présenté au public en séance de minuit. Ce soir-là, treize ans après le choc Irréversible, le film provoque à la fois émeute et ovation.

Au cours d'une longue journée pluvieuse, Murphy, étudiant en cinéma, se remémore sa plus grande histoire d'amour, ces deux ans passés avec Electra. Depuis, il a été pris dans un piège familial dont il ne rêvait pas, avec une compagne, qui invitée lors d’un plan à trois, s’est finalement installée. 

Film d’amours mélancoliques filmées en clair-obscur, Love, malgré des séquences de sexe non simulées, ne reprend pas les codes du porno. C’est le récit d’un amour fou, charnel et intense, où l’osmose de la chair et des sentiments existe. À l’image de Murphy reclus dans son appartement, recomposant son histoire au fil de flashback sous substance, Love ne dit rien de l’état du monde, mais beaucoup de la passion amoureuse.

« La difficulté de Murphy à exprimer ses sentiments avec des mots se retrouve contrebalancée par la richesse du langage cinématographique : effets de montage et inventivité visuelle dont la puissance d’évocation est sublimée par une bande musicale qui croise Erik Satie, John Carpenter et les Daft Punk. Un film controversé et, pour moi, pleinement réussi. » (Philippe Rouyer, Positif n° 653/654, juillet-août 2015)