L'Inconnue du palace

Adaptée de la pièce The Girl from Trieste de Ferenc Molnár, écrivain hongrois installé aux États-Unis, L’Inconnue du palace relate le parcours d’une chanteuse de cabaret au sein de la bonne société. De nouveau, Dorothy Arzner prend plaisir à confronter les classes sociales, poussant plus loin son étude à travers une intrigue fondée sur une mascarade. 

Anni, dotée des bons accessoires, se fond dans le moule et passe pour aristocrate. Le bon comportement, la bonne manière d’être et de jouer, suffisent pour être une lady. Le séjour dans le palace est un spectacle dans le spectacle, avec ses décors, ses robes judicieusement choisies avec l’aide de l’amie d’Anni, devenue femme de chambre, et pour l’occasion habilleuse. Normalement invisibles, les mécanismes de la performance d’une femme sont ainsi livrés aux spectateurs. 

La pièce d'origine de Ferenc Molnár était encore plus cynique : la jeune femme y est une prostituée, qui, au contact du grand monde, se rend finalement compte que ce milieu est bien plus malsain que le sien. Lorsque le projet d’adaptation fut lancé, Louis B. Mayer, le patron de la MGM, aurait demandé à Dorothy Arzner de modifier l’histoire de Molnár, d’en faire une histoire de Cendrillon dotée d’une fin heureuse.L’Inconnue du palace n’est sans doute pas le film qu’Arzner avait projeté mais, malgré une fin un peu trop conventionnelle (ambition vs. amour), elle y démontre toute l’ambiguïté des « rôles » endossés par les femmes.