L’Héritière

Nommé dans huit catégories aux Oscars, L’Héritière en rafle quatre en 1950. Un succès dont Olivia de Havilland est à l’origine. C’est l’actrice elle-même qui, après avoir vu la pièce, sollicita William Wyler, et lui proposa de démarcher ensemble la Paramount pour l’achat des droits. 

Adaptation d’une pièce de théâtre, elle-même adaptée d’une nouvelle d’Henry James, L’Héritière est d’une forme très classique. Comme le soulignait Jacques Siclier, il est « l’apogée d’un style de mise en scène psychologique en décors de studios (remarquables), avec utilisation de la profondeur de champ, de portes coulissantes, de miroirs et d’un escalier pour les étapes cruelles d’une tragédie provoquée par le manque d’amour d’un père destructeur et l’abandon d’un jeune homme trop intéressé par l’argent. » (Le Monde, 12 juin 2004). La mise en scène est théâtrale, dans le décor clos d’une maison bourgeoise. Le climat est mortifère, la tension intérieure.

Olivia de Havilland décrochera son second Oscar avec L’Héritière. « Elle s’illustre non seulement en s’enlaidissant, mais en évoluant au gré d’un scénario qui la voit d’abord victime d’un père tyrannique et méprisant, puis femme dure qui se retourne contre tous ceux qui lui veulent du mal, à commencer par son géniteur auquel elle réplique, cinglante : “Je peux être très cruelle. J’ai été à l’école des plus grands maîtres.” » (Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes, Institut Lumière / Actes Sud). Autre grande actrice d’Hollywood dans L’Héritière, Miriam Hopkins, rare sur les écrans depuis 1936, dans le rôle de la tante Lavinia, qui encourage l’idylle de sa nièce. Ce sera l'un de ses derniers rôles au cinéma.