Billetterie

Les Tricheurs

de Marcel Carné , France, Italie , 1958

Paris, fin des années 1950. Bob (Jacques Charrier), étudiant sans histoire, rencontre Alain (Laurent Terzieff) chez un disquaire. Alain a abandonné ses études et vit aux crochets de son entourage. À son contact, Bob se laisse entraîner dans des combines pour passer, lui aussi, pour affranchi. Dans la bande de "tricheurs" fréquentant le café Bonaparte, il y a deux jeunes femmes, Clo (Andréa Parisy) et Mie (Pascale Petit). Bob et Mie tombent amoureux, sans vouloir se l’avouer…

« Roméo et Juliette à Saint-Germain-des-Prés. Ici Roméo et Juliette ne sont en réalité séparés par rien – ni par leur famille, ni par leurs goûts communs – mais se créent leurs propres tabous. » C’est ainsi que Marcel Carné présentait son nouveau film Les Tricheurs au journal Le Monde. Nous sommes en 1958, l’année du Beau Serge de Claude Chabrol, acte de naissance de la Nouvelle Vague. Depuis plusieurs films, Marcel Carné lui aussi change de direction, s’émancipant du "réalisme poétique" qu’il a lui-même créé.

 

TRICHEURS-1958-01

 

Les Tricheurs est à la fois un portrait d’une certaine jeunesse française, celle de Saint-Germain – neuf ans après Rendez-vous de juillet de Jacques Becker et dix ans avant mai 1968 – se rassemblant dans les caves de café, écoutant du jazz…, mais aussi un film intemporel sur une jeunesse qui ne veut plus s’engager comme ses aînés.

À sa sortie, le film fait débat. D’un côté, encensé, de l’autre, descendu en flèche (on prend Carné pour un donneur de leçons). Pourtant, grâce à de jeunes acteurs encore peu connus mais très doués (en tête desquels Laurent Terzieff et Jean-Paul Belmondo), Marcel Carné se contente d’observer, sans jamais accuser ceux qu’il filme. 

« L’histoire des Tricheurs est celle d’un marivaudage tragique. Un garçon et une fille s’aiment d’un amour immédiat, total, définitif. Seulement parce qu’ils ont 20 ans, et que la mode aujourd’hui, chez certains jeunes, est de mépriser l’amour, les élans romantiques, tout ce vieux "blablabla" qui monte du cœur, parce qu’ils ne veulent croire qu’au plaisir physique, parce qu’ils sont un peu lâches et qu’ils ont peur d’être dupes, surtout parce qu’ils entendent coûte que coûte rester "libres". Pour toutes ces raisons, Bob et Mie trichent avec eux-mêmes, et se jouent l’un à l’autre la comédie de l’indifférence jusqu’au drame. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 14 octobre 1958)

Les Tricheurs
France, Italie, 1958, 2h, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Marcel Carné 
Scénario : Marcel Carné, Jacques Sigurd, d’après une histoire de Charles Spaak 
Photo : Claude Renoir 
Musique : Norman Granz, Chet Baker, Fats Domino, Dizzy Gillespie, Roy Eldridge… 
Montage : Albert Jurgenson 
Décors : Paul Bertrand 
Costumes : Antoine Mayo 
Production : Robert Dorfmann, Les Films Corona, Silver Films Cinétel, Zebra Films 
Interprètes : Pascale Petit (Mie), Andréa Parisy (Clo), Jacques Charrier (Bob Letellier), Laurent Terzieff (Alain), Jean-Paul Belmondo (Lou), Dany Saval (Nicole), Alfonso Mathis (Peter), Pierre Brice (Bernard), Jacques Marin (Félix), Dominique Page (la fiancée de Bernard) 

Sortie en France : 10 octobre 1958
Sortie en Italie : 18 janvier 1959

Remerciements à Studiocanal et Tamasa

 

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