En 1923, Buster Keaton, vedette du muet et coréalisateur prolifique de courts, passe à la réalisation de longs métrages. Et en une année, ce sont deux longs qui voient le jour : Les Trois Âges (Three Ages, coréalisé par Eddie Cline), puis Les Lois de l’hospitalité. Ce dernier est un film d’action haletant, doublé d’un modèle du genre burlesque, enchaînant gag sur gag dans une course folle contre les éléments et les ennemis. Le postulat de base est absurde : les lois de l’hospitalité sudiste interdisent l’usage de la violence contre un invité lorsqu’il est sous le toit d'un hôte. Au dehors, tout est possible… Ce très fragile sentiment de sécurité laisse la place à une forte volonté de ne pas tomber sous les attaques répétées des assaillants.
L’impressionnante maîtrise de la réalisation saute aux yeux : pour Jean-Pierre Coursodon, « dans les deux dernières bobines, il devient […] impossible, malgré les changements de lieu, de discerner des "séquences" distinctes tant les événements et les gags qui se succèdent à un rythme accéléré s’enchaînent avec nécessité, éliminant toute rupture au profit d’une longue et vertigineuse "coulée" d’action comique. » (Buster Keaton, éd. Atlas Lherminier)
Tout l’art comique de Keaton se trouve dans le calcul quasi mathématique de ses acrobaties, hommage à celles qu’il réalisait enfant dans les numéros familiaux. Ainsi cette impressionnante cascade de la corde, où il remplace tout de même sa partenaire par un mannequin… Un retour aux sources pour cet enfant de la balle qui met à l’écran (pour la seule fois), son père, son fils et son épouse, Natalie Talmadge, dans une nouvelle version des Three Keatons.
C’est ainsi que le même Jean-Pierre Coursodon constate « l’extraordinaire nouveauté d’un film qui, grâce à la fusion totalement homogène d’éléments très variés (drame, reconstitution historique, slapstick, romanesque, aventure et action) ouvre au comique cinématographique des voies insoupçonnées, dont il faut bien constater d’ailleurs que seul Keaton lui-même se montrera capable de les suivre. »
Les Lois de l’hospitalité (Our Hospitality)
États-Unis, 1923, 1h05, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Buster Keaton, John G. Blystone
Scénario : Jean C. Havez, Clyde Bruckman, Joseph A. Mitchell
Photo : Gordon Jennings, Elgin Lessley
Décors : Fred Gabourie
Costumes : Walter J. Israel
Production : Buster Keaton Productions, Joseph M. Schenck Productions
Interprètes : Buster Keaton (Willie McKay), Natalie Talmadge (Virginia Canfield), Joe Roberts (Joseph Canfield), Ralph Bushman (Clayton Canfield), Craig Ward (Lee Canfield), Monte Collins (le révérend Benjamin Dorsey), Joe Keaton (le conducteur de la locomotive), Kitty Bradbury (tante Mary), Buster Keaton Jr. (Willie McKay bébé), Leonard Clapham (James Canfield), Edward Coxen (John McKay), Jean Dumas (Madame McKay), Jack Duffy (Sam Gardner)
Sortie aux États-Unis : 19 novembre 1923
Sortie en France : 31 octobre 1924
FILM RESTAURÉ par la Cineteca di Bologna et Cohen Film Collection au laboratoire L'Immagine Ritrovata dans le cadre du Keaton Project
Ciné-Concert - Accompagnement musical live au piano par Romain Camiolo
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