Légendes d'automne

Au départ, il y a la longue nouvelle de Jim Harrison, Legends of the Fall, chef-d’œuvre de ce qu’on appellera le nature writing et qui donne son titre au recueil de trois textes publié en 1979, premier grand succès de son auteur. Toute l’œuvre de celui qui sera surnommé "Big Jim" est irriguée par ses deux passions : la vie sauvage et les cultures autochtones, une exploration de l’Amérique comme territoire et identité. À cela s’ajoute une peinture des détresses et de la nostalgie. La nouvelle, baignée de ruralité et de mélancolie, apparaît comme une des pièces maîtresses de l’œuvre de l’écrivain.

Le texte constituait un matériau exceptionnel pour Hollywood, qui dans les années 1990, se replongeait dans les grandes épopées américaines dont il avait été le grand pourvoyeur durant les décennies 1940 à 1960. À l’écran, le récit familial devient saga, contée par "Un Coup", un vieil Indien. Film épique, Légendes d’automne brosse le récit d’une vie de doutes, de vengeance et de rédemption. Les personnages ont cette grâce un peu rude des héros de "Big Jim", à l’image du personnage d’Anthony Hopkins, colonel scandalisé par le traitement réservé aux Indiens et qui choisit d’élever ses enfants à l’écart du monde, ou de celui de Brad Pitt, force de la nature, tourmenté et libre.

Amours filiales et fraternelles, accès de violence, destinées imprévisibles, paysages fabuleux et superbe photo (récompensée par un Oscar), le film d’Edward Zwick a tout de la grande saga romanesque hollywoodienne. Légendes d’automne est un succès. Jim Harrison empoche un million de dollars. Fidèle à sa nature profonde d’épicurien, il flambe tout.