Billetterie

Le Quai des brumes

de Marcel Carné , France , 1938

Au Havre, Jean (Jean Gabin), un déserteur, cherche à se cacher avant de pouvoir quitter le pays. Grâce à un clochard, il trouve refuge dans une baraque du port où il fait la connaissance d'un peintre singulier (Robert Le Vigan) et de Nelly (Michèle Morgan). Il tombe amoureux de la belle et mélancolique jeune femme, orpheline sous la coupe de son étrange tuteur, Zabel (Michel Simon).

Le mauvais accueil fait à Drôle de drame rendit délicat le montage du projet suivant. Mais l’arrivée de Jean Gabin, alors la plus grande vedette française, facilita les choses. Le film devait d’abord se tourner en Allemagne – Gabin étant sous contrat avec la UFA –, mais Goebbels et sa censure ne le permirent pas. L’action du roman de Pierre Mac Orlan se déroule à Montmartre, Carné lui préférera Le Havre (dont l’ambiance visuelle et le milieu ouvrier inscriront plus tard le film dans le « réalisme poétique »). Maurice Bessy lui trouvait une touche faulknérienne : « À la vision de Quai des brumes, j’ai songé à la tendance d’une certaine littérature américaine dont Faulkner est le chef incontestable, où l’irrémédiable est l’élément capital. » 

 

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Le Quai des brumes consacre définitivement Marcel Carné et reste dans le paysage du cinéma français comme une création à l’ambiance inimitable : noirceur de l’image, amour impossible, personnages solitaires et errants paralysés dans un épais brouillard. Comme le souligne à l’époque Marcel Blistène dans Le Nouveau Filmen 1938 : « L’atmosphère est lourde, étouffante, écrasante même, sans concession, sans lueur d’espoir, tout imprégné de cruauté, de désespérance, de fatalité. C’est gris comme l’automne, profond comme la mort, cruel comme la vie. Les êtres, et même un pauvre petit chien bâtard, luttent, se révoltent, espèrent, et retournent finalement vaincus à leur destin cruel. » 

Dans sa troisième collaboration avec Carné, Prévert donne aux dialogues une cadence unique, qui, combinée à la mise en scène, confère au film son désespoir mélancolique. Les interprètes sont grandioses : à la fragilité lumineuse de Michèle Morgan répond la noirceur inquiétante de Michel Simon. 

De par son sujet – la désertion –, le film aura une mise en œuvre et un parcours difficiles : contrôle du scénario par l’Armée, coupe du producteur, interdiction… En 1940, Vichy plaça même le film au premier rang des œuvres auxquelles était attribué la responsabilité de la défaite. C’est ici la version voulue par Carné qui sera présentée.

 

Le Quai des brumes
France, 1938, 1h31, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Marcel Carné 
Scénario : Jacques Prévert, Marcel Carné, d’après le roman Le Quai des brumes de Pierre Mac Orlan 
Dialogues : Jacques Prévert 
Photo : Eugène Schüfftan, Louis Page 
Musique : Maurice Jaubert 
Montage : René Le Hénaff 
Décors : Alexandre Trauner 
Costumes : Coco Chanel 
Production : Gregor Rabinovitch, Ciné-Alliance 
Interprètes : Jean Gabin (Jean), Michel Simon (Zabel), Michèle Morgan (Nelly), Pierre Brasseur (Lucien), Édouard Delmont (Panama), Raymond Aimos (Quart Vittel), Robert Le Vigan (le peintre), René Génin (le docteur), Marcel Pérès (le chauffeur), Jenny Burnay (l’amie de Lucien), Roger Legris (le garçon d’hôtel), Martial Rèbe (le client)

Sortie en France : 18 mai 1938
FILM RESTAURÉ 

Remerciements à Studiocanal et Carlotta

 

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