Le Parrain

Adapté à contre-cœur par Francis Ford Coppola pour la Paramount, il était imprévisible que Le Parrain devienne le classique qu’il est aujourd’hui. Avec ce film, qui remporte trois Oscars et cinq Golden Globes, Coppola signe son premier grand succès, celui qui lui permettra de conquérir Hollywood.

Une des raisons de ce succès est certainement le souci d’authenticité du cinéaste. Les images, d’une violence réaliste, présentent les personnages évoluant dans le décor naturel des quartiers du Lower East Side, maquillé en rue du début du XX^e siècle, et de Little Italy, quartiers grouillants, vivants et traditionnels. La musique inoubliable de Nino Rota, rappelant les valses italiennes, participe au succès du Parrain. 

Ce film, au-delà d'une famille de gangsters, présente une dynastie face au problème de la succession. Don Vito Corleone désire que son fils Michael hérite de son empire mais ce dernier refuse. Ce sont ses valeurs morales et notamment l’importance de la famille qui le feront changer d’avis. Les personnages ne sont pas présentés comme de simples gangsters d’origine sicilienne, ils sont aussi les vecteurs des valeurs américaines : famille, affaires, patrie. Ils sont les enfants d’une Amérique grandissante.

« Là où la justice échoue, où tout le système américain échoue, apparaît le héros – Don Corleone – qui défend mais surtout prend en charge les membres dont il assure la protection, leur ôte donc toute responsabilité, tous soucis matériels et moraux. Qu’une large fraction du public du Parrain ait ainsi adhéré – inconsciemment sans doute – à ce nouveau rêve américain d’une organisation qui assume tout à sa place, qui la décharge par conséquent de sa mauvaise conscience, prouve sans doute l’ambiguïté de ce film. » (Frédéric Vitoux, Positif n°146, janvier 1973)