S’exprimant sur la « mode du tarabiscotage pourri » qui selon lui envahissait les films à l’époque, Claude Chabrol disait : « On ne peut pas voir un film en y comprenant quelque chose, c’est atroce. Alors je me suis dit, nom d’un chien, puisqu’on n’y comprend rien chez les autres, on y comprendra au moins quelque chose chez moi. » (Positif n°115, avril 1970)
Cherchant « l’intrigue la plus simple possible », Claude Chabrol, porte-drapeau de la Nouvelle Vague inaugurée en 1958 avec son Beau Serge, nous livre Le Boucher. Dans la lignée de La Femme infidèle et Que la bête meure, le cinéaste poursuit son portrait de la France pompidolienne et provinciale. Avec un naturalisme précis, il décrit un marivaudage pervers, la rencontre entre un impulsif, un peu lourdaud, et une cérébrale hautaine. Une rencontre et une attirance des contraires, et surtout une fascination réciproque.
Le Boucher n’est ni un film policier, ni un film à suspense. C’est un film calme, où il ne se passe pas grand-chose, entre l’école, la boulangerie et la boucherie. Et là est le génie de Chabrol qui, avec un soin quasi documentaire apporté aux détails, dresse, en regardant vivre ses créatures, le portrait d’un assassin et d’une histoire d’amour ratée. Explorant l’âme humaine, il révèle des personnages doubles, brillamment interprétés par Stéphane Audran et Jean Yanne, chacun avec son lot de mystère et de contradictions. La bête face à l’humain, le vice face à la vertu et le crime face à la morale.
« Film poignant et pessimiste, Le Boucher n’est pas un film cafardeux. Ses notations comiques le sont sans arrière-pensée, en toute "ingénuité", rendant plus terrifiante l’explication que nous souhaitons malgré tout ne jamais entendre. » (Gérard Legrand, Positif n°115, avril 1970)
Le Boucher
France, Italie, 1970, 1h33, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation & scénario : Claude Chabrol
Photo : Jean Rabier
Musique : Pierre Jansen, Johann Martini, Dominique Zardi
Montage : Jacques Gaillard
Décors : Guy Littaye
Costumes : Joseph Poulard (pour Stéphane Audran)
Production : André Génovès, Les Films de la Boétie, EIA - Euro International Film
Interprètes : Stéphane Audran (Hélène), Jean Yanne (Popaul), Antonio Passalia (Angelo), Roger Rudel (Grumbach), Mario Beccaria (Léon Hamel), William Guérault (Charles), Pascal Ferone (le père Charpy)
Sortie en France : 27 février 1970
Présentation au New York Film Festival : 12 septembre 1970
FILM RESTAURÉ
Projeté dans la cadre d'un double programme :
Le Boucher de Claude Chabrol (1970, 1h45)
précédé de
Le Genou de Claire d'Eric Rohmer (1970, 1h33)
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