1948, Allemagne, année trois. L’année du blocus. L’année où Billy Wilder, cinéaste né dans l’ancien empire austro-hongrois, qui a quitté l’Allemagne à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, tourne La Scandaleuse de Berlin. Le cinéaste naturalisé américain revient à Berlin en 1947. Depuis l’avion, il filme les décombres de la ville. Mais Billy Wilder est particulièrement audacieux : si, trois ans seulement après le conflit, son film parle bien de la guerre et du nazisme, il en fait une comédie insolente.
Dans cette farce amère et pessimiste, Wilder dresse le portrait de Berlin dans l’immédiat d’après-guerre. Le puritanisme américain est battu en brèche : triomphe du marché noir, échanges de bons procédés, fraternisation occupant / occupé…. Tout le film est truffé de sous-entendus sexuels et de regards en coin – à se demander comment il put passer la censure.
La Scandaleuse de Berlin montre la confrontation de deux mondes, de deux modes de vie, incarnés l'un par Jean Arthur, députée, « symbole inflexible de l’ordre puritain, […] réellement émouvante quand elle chante les prairies de l’Iowa dans un bar cosmopolite de la ville en ruines », l'autre par Marlene Dietrich, chanteuse de cabaret. Celle-ci hésita avant d’accepter le rôle de cette incarnation du vice, compromise par son passé nazi. Mais, par amitié pour Billy Wilder, elle accepta. « [Le film] associe une cocasserie jouissive et une profondeur un peu désespérée. La première séquence de Marlene Dietrich, où elle apparaît une brosse à dents à la main, la bouche pleine de dentifrice, dynamite le mythe de la femme fatale tout en soulignant le charisme de l’actrice, évident même dans cette situation peu flatteuse et ambiguë. […] Elle fait tourner toutes les têtes, désarçonnant même les très sérieux policiers militaires venus l’arrêter. Sa beauté, son charme, son magnétisme suffisent à mettre le spectateur de son côté et à lui faire espérer que, quoi qu’il arrive, elle s’en sortira toujours. » (Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes )
La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)
États-Unis, 1948, 1h56, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Billy Wilder
Assistant réalisation : Charles C. Coleman
Scénario : Charles Brackett, Billy Wilder, Richard L. Breen, Robert Harari, d’après une histoire originale de David Shaw
Photo : Charles B. Lang Jr.
Musique : Frederick Hollander
Montage : Doane Harrison
Décors : Hans Dreier, Walter Tyler, Sam Comer, Ross Dowd
Costumes : Edith Head
Production : Charles Brackett, Paramount Pictures
Interprètes : Jean Arthur (Phoebe Frost), Marlene Dietrich (Erika von Schlütow), John Lund (le capitaine John Pringle), Millard Mitchell (le colonel Rufus J. Plummer), Peter von Zerneck (Hans Otto Birgel), Stanley Prager (Mike), William Murphy (Joe), Raymond Bond (Pennecot), Boyd Davis (Giffin), Robert Malcolm (Kramer), Charles Meredith (Yandell)
Sortie aux États-Unis : 20 août 1948
Sortie en France : 22 avril 1949
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