Si le titre original, Christopher Strong, concentre l’attention sur le personnage masculin, La Phalène d’argent est pourtant le portrait de Cynthia Darrington, femme libre, indépendante, et aviatrice en quête de records. Incarné par Katharine Hepburn, ici dans son deuxième film, le rôle contient beaucoup d’éléments qui constitueront les attributs de la star Hepburn, indépendante, androgyne, athlétique, fière…
Dans les films de Dorothy Arzner, les relations maritales ne sont jamais aussi épanouissantes que les relations adultères. La Phalène d’argentne déroge pas à la règle : Monica et Harry, Cynthia et Christopher, le père de Monica. Le traitement est inattendu, Arzner se focalisant davantage sur les trois femmes (la maîtresse, la femme trompée, la fille de celle-ci) que sur les relations amoureuses. Il n’y a aucune rivalité entre l’épouse et la maîtresse, pas plus que de sentiment de culpabilité. Enceinte de Christopher, Cynthia décide de se donner la mort à bord de son avion, choisissant le bonheur de lady Strong plutôt que le sien, renonçant à des règles du jeu qui ne lui conviennent pas. « Il faut que la comédienne soit éblouissante pour que soit crédible tant d’exigence de liberté et de dignité. Un moment déguisée en phalène moulée de lame argenté, Katharine Hepburn est stupéfiante. Il est invraisemblable que son image ne soit pas au premier rang des fantasmes cinéphiliques. » (Françoise Audé, Positif n°257/258, juillet-août 1982)
Tout est subversif dans La Phalène d’argent : l’adultère assumé, les grossesses hors mariage, la différence d’âge entre le politicien et l’aviatrice… « Christopher Strong, film de la Dépression, pousse à la limite du possible les libertés autorisées par l’assouplissement relatif du Code hollywoodien d’alors. En outre, comme dans les films noirs des premières années trente, il témoigne de l’angoisse de l’époque en assumant un script axé sur l’échec et la mort. » (Françoise Audé)
La Phalène d’argent (Christopher Strong)
États-Unis, 1933, 1h18, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Dorothy Arzner
Scénario : Zoe Akins, d’après le roman Christopher Strong, a romance de Gilbert Frankau
Photo : Bert Glennon
Musique : Max Steiner, Richard Wagner…
Montage : Arthur Roberts
Effets spéciaux : Vernon Walker
Décors : Van Nest Polglase, Charles M. Kirk
Costumes : Howard Greer, Walter Plunkett
Production : David O. Selznick, RKO Radio Pictures
Interprètes : Katharine Hepburn (lady Cynthia Darrington), Colin Clive (sir Christopher Strong), Billie Burke (lady Elaine Strong), Helen Chandler (Monica Strong), Ralph Forbes (Harry Rawlinson), Irene Browne (Carrie Valentin), Jack La Rue (Carlo), Desmond Roberts (Bryce Mercer)
Sortie aux États-Unis : 31 mars 1933
Remerciements à la Library of Congress
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