Toujours aux prises avec des difficultés financières, mais forte du succès du premier opus, Universal fait renaître des cendres de l’incendie du moulin le monstre de Frankenstein. Si les Monsters Films de Universal ont donné naissance à nombre de suites, celle-ci est flamboyante et considérée par beaucoup comme un chef-d’œuvre.
La Fiancée de Frankenstein fourmille d’idées fantastiques, parmi lesquelles l’interprétation par la même comédienne des rôles de Mary Shelley et de la créature féminine, la création littéraire devenant la projection de son auteur. L'actrice britannique Elsa Lanchester, épouse de Charles Laughton, souvent cantonnée dans les seconds rôles, est ici d’une beauté rayonnante, attirante, bien que terriblement monstrueuse par nature. Elle est devenue un de personnages les plus reconnaissables de l’histoire du cinéma, avec sa chevelure en forme de torche et ses deux mèches blanches trahissant l’origine électrique de sa naissance.
Véritable « feu d’artifice visuel d’un expressionnisme délirant » (Robert de Laroche, Dictionnaire du cinéma d’épouvante, Scali), La Fiancée de Frankenstein pousse plus loin que son prédécesseur sa réflexion sur la mort et la création, la folie des hommes, l’humanité d’un monstre et la monstruosité de l'humanité. Le film est ainsi infiniment poétique (la rencontre entre l’ermite et le monstre en quête d’amitié et de chaleur) mais aussi teinté d’humour noir.
« La difficile fusion de la répulsion et de l’attirance, du mal et du bien, de l’horreur et de la beauté, Whale ne l’a sans doute jamais mieux approchée que dans l’agonie de La Fiancée de Frankenstein, quand, au son d’un carillon déchaîné, dans une lumière d’argent vif et de mercure, avec des mouvements saccadés d’oiseau-automate, avec des feulements rauques de félin apeuré, Elsa Lanchester naît et meurt en l’espace de quelques minutes. Il y a là plus que le génie d’une actrice qui possède le sens de l’étrange. Il y a là la sensibilité déchirée d’un cinéaste rare et magicien, qui s’embrase puis s’apaise. » (Christian Viviani, Positif n°268, juin 1983)
La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein)
États-Unis, 1935, 1h15, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : James Whale
Scénario : William Hurlbut, d’après l’adaptation de John L. Balderston du roman Frankenstein ou le Prométhée moderne (Frankenstein or The Modern Prometheus) de Mary Shelley
Photo : John J. Mescall
Musique : Franz Waxman
Montage : Ted J. Kent, Maurice Pivar
Décors : Charles D. Hall
Costumes : Vera West
Maquillage : Jack Pierce
Effets spéciaux : John P. Fulton
Production : Carl Laemmle Jr., Universal Pictures
Interprètes : Boris Karloff (le monstre), Colin Clive (Henry Frankenstein), Valerie Hobson (Elizabeth), Ernest Thesiger (Dr. Pretorius), Elsa Lanchester (Mary Wollstonecraft Shelley / la fiancée), Gavin Gordon (lord Byron), Douglas Walton (Percy Bysshe Shelley), Una O'Connor (Minnie), E.E. Clive (le bourgmestre), Lucien Prival (le valet), Dwight Frye (Karl), Reginald Barlow (Hans), John Carradine (un chasseur)
Sortie aux États-Unis : 19 avril 1935
Sortie en France : 7 juin 1935
FILM RESTAURÉ
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