Jeux de mains

« Carole Lombard était une femme d’exception, un extraordinaire mélange de culot et de self-control, de sincérité et d’ambition, de légèreté et de profondeur. Disparue en 1942 à l’âge de 33 ans, celle que Garson Kanin appelait "la petite blonde à la fois piquante et potelée de l’Indiana" avait fondé sa gloire sur les comédies, en particulier les screwball comedies. 
Capable, dans la vie, de plaisanteries aussi outrageusement effrontées que les gags de ses films, elle fut une pionnière de l’égalité entre l’homme et la femme devant le rire. Pour faire rire, elle accepte de paraître idiote et de ternir sa beauté dans des postures ridicules. » (Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes ).

Incarnant une jeune manucure chasseuse de millionnaires – elle se dit capable de « tomber amoureuse d’un portefeuille » –, Carole Lombard met toute sa beauté au service de cette comédie loufoque de Mitchell Leisen, cinéaste populaire de la Paramount. Mais la jeune femme, d’origine modeste, voit ses plans de carrière contrariés par l’irruption de ses sentiments envers un aristocrate sans le sou, lui-même à la recherche d’une riche union.

Dans cette comédie sur l’arrivisme féminin, Mitchell Leisen joue avec les apparences sociales et fait tomber les masques. Il inverse les rôles : les hommes se font manucurer, font la vaisselle, les femmes vont au travail. Jeux de mains est plein de malice et d’intelligence, les acteurs y sont libérés, laissant libre court à l’improvisation (comme dans la scène de l’immense fou rire de Fred MacMurray).

La disparition de l’actrice lors d’une catastrophe aérienne laissa son mari Clark Gable inconsolable, et priva le cinéma hollywoodien d’une de ses actrices les plus joyeuses, à la vie comme à l’écran.