Jean de Florette

« Ce qui est simple est émouvant et trouve toujours le chemin du cœur le plus dur et le plus opiniâtre », écrivait Marcel Pagnol en 1935. En 1952, il tourne Manon des Sources, fresque rurale en deux parties, Manon des Sources et Ugolin. De son scénario, il tire un roman, L'Eau des collines. 

Pour Claude Berri, L’Eau des collines, « c’est le roman d’un cinéaste ». C’est ce diptyque que le cinéaste porte à son tour à l’écran, en 1986. Le projet est d’envergure. Pour le mener à bien, il faudra au réalisateur huit mois de tournage et un budget gigantesque de 110 millions de francs. Avec un grand respect pour l’œuvre originale, dont il conserve les dialogues vifs et touchants, Berri s’approprie la Provence de Pagnol. En plan large, la garrigue escarpée, dure, sauvage, sous son ciel de plomb. En gros plan, les visages. 

Le film est porté par une galerie de personnages inoubliables. Gérard Depardieu campe un Jean de Florette dont l’optimisme n’a d’égal que l’obstination naïve. Yves Montand, dans la peau du Papet, est un vieux paysan rusé et manipulateur. Mais la véritable révélation du film, c'est la performance de Daniel Auteuil, qui trouve avec Ugolin, personnage ingrat et pourtant terriblement attachant, le premier grand rôle à la mesure de son talent. Pour cette interprétation, il recevra le César du meilleur acteur.

Pour Claude Berri, Jean de Florette est un défi de taille. Un défi de producteur, mais aussi de cinéaste. Si la critique reproche parfois au réalisateur, avec raison, son trop grand académisme, il se tire de cette entreprise avec les honneurs. En salle, le public est au rendez-vous et le film multiplie les nominations et les récompenses. De l’œuvre mythique de Pagnol, Claude Berri tire un grand spectacle populaire et poétique, à la portée universelle.