Hollywood Vixens

1969. D’un côté, la Fox est face à un gouffre financier causé par des superproductions qui ne sont, par essence, jamais rentables. De l’autre, les producteurs indépendants enchaînent les succès. Encouragée par l’extraordinaire culbute financière réalisée par Russ Meyer avec Vixen ! en 1968, et afin de toucher un public plus jeune et fan de contre-culture, la Fox engage le réalisateur et entre dans un genre pour elle inconnu.

Malgré des moyens qu’il n’avait jusque-là jamais eus, Russ Meyer conserve ce qui fait son style : méthodes DoItYourself, montage singulier, rythme trépidant, actrices généreusement pourvues, délire, satire… Le réalisateur filme le milieu hollywoodien qu’il connaît : stars extravagantes, nymphomanes ou perverses, doux-dingue ou camé profond. Le personnage de Z-Man lui aurait d’ailleurs été inspiré par le producteur des Ronettes et des Ramones, Phil Spector, homme brillant mais incontrôlable. 

La revue Écran classait le film, à sa sortie, dans le genre « hot-dog porno ». Pour Robert Ebert, critique renommé et coscénariste, c’est « un film musical d’horreur dingue et sexy finissant par un quadruple meurtre rituel et un triple mariage. » Rien de moins. 

« Cet univers tragique, à mi-chemin entre l’horreur et la parodie, entre Faulkner et le roman-photo, entre la violence paroxystique et l’ironie, cet univers hyper-américain est bien celui d’un auteur complet dont chaque film (malheureusement toujours découvert en France avec plusieurs années de retard), affirme la constance, la personnalité, la richesse et l’originalité thématique. Il faut découvrir l’importance de Russ Meyer, car il est tout un moment du cinéma américain, tout un monde marginal peut-être, mais impérieusement affirmé, un monde sans lequel Hollywood-Babylone n’aurait pas été ce qu’elle a été. » (Jean-Marie Sabatier, Image et son / La Revue du cinéma n°294, mars 1975)