Fantômes à Rome

« Qui donc parlait de l’étroit rationalisme méditerranéen ? » interrogeait Gérard Legrand lors de la sortie du film (Positif n° 70, juin 1965). Orchestrant avec habileté les rencontres entre les vivants et les morts, Antonio Pietrangeli signe, avec Fantômes à Rome, un divertissement brillant. Pour le scénario de cette farce surnaturelle, le cinéaste s’entoure des grandes plumes de la comédie italienne (Ettore Scola, Ruggero Maccari, Ennio Flaiano). Ensemble, ils ravivent le genre, peu abordé en Italie, de la comédie fantastique. Ils composent une trame extravagante et rythmée, nourrie de satire sociale, qui oppose le dévouement des fantômes à la cupidité des vivants. 

Dans un triple rôle, Marcello Mastroianni mène avec panache sa joyeuse bande de revenants, parmi lesquels l’éclatante Sandra Milo ou Vittorio Gassman, futur monstre sacré de la comédie italienne. Cultivant l’insolite et le désuet, Fantômes à Rome doit aussi son atmosphère à un admirable travail visuel : les costumes surannés de Maria De Matteis, la lumière spectrale de Giuseppe Rotunno, les décors fanés du vieux palais italien de Mario Chiari… Loin des thèmes chers au cinéaste et malgré un accueil mitigé sur le territoire français, Fantômes à Rome est une parenthèse enlevée et haute en couleurs, à la mise en scène soignée. 

« Fantasmi a Roma n’est peut-être pas le film le plus caractéristique de Pietrangeli, mais son élégance formelle, la subtilité de son propos, l’inventivité de ses rebondissements en font une œuvre dont la vision est délectable. » (Jean A. Gili, Positif n° 600, février 2011)