Enter the Void

Huit ans après l’onde de choc provoquée par Irréversible, Gaspar Noé fait, avec Enter the Void, un retour fracassant au cinéma. 

Le cinéaste porte, pendant près de dix ans, ce projet audacieux. Il déplace son action, initialement située à Paris, dans un Tokyo stroboscopique, artificiel, qui imprime son aura nocturne sur le périple posthume d’Oscar. Réalisateur sujet à polémique, Noé se montre à la hauteur de sa réputation sulfureuse et divise le public cannois. Présenté sur la Croisette dans une version encore provisoire, ce film ovni est à la fois acclamé et sifflé. 

Odyssée psychédélique, Enter the Void, conjugue avec maestria cinéma et expérimentation. Adoptant le point de vue subjectif d’Oscar, la caméra virevolte, plane, rivalise d’ingéniosité. Noé multiplie les expériences sensorielles, jusqu’au vertige. Cet enfer psychotrope, le cinéaste l’emprunte au Bardo Thödol, le livre des morts tibétain, dont il utilise les étapes comme autant de ressorts narratifs.

Gaspar Noé, cinéaste abrasif à l’œuvre exigeante, livre, avec Enter the Void, une ballade hallucinée, une virée sous substance qui nous laisse étourdi et éprouvé.

« Le troisième long métrage de Gaspar Noé, avec sa caméra qui vrille les esprits et les chairs, prouve ce qu’on avait pressenti dès Seul contre tous. Gaspar Noé est le plus réaliste de nos réalisateurs – le seul peut-être. Parce qu’Enter the Void n’a qu’un seul sujet : le fonctionnement intime de cette machinerie mentale et physique qu’est l’homme. Gaspar Noé est le chirurgien du cinéma. » (Damien Aubel, Transfuge, mai 2010)