Eclairage intime

Figure de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, Ivan Passer réalise son premier long métrage, Éclairage intime, en 1965. Comédie douce-amère applaudie par la critique, le film affirme le talent du cinéaste, jusqu’alors scénariste et assistant de Milos Forman, et le révèle au public. Avec Éclairage intime, Passer livre son seul film tchèque. En 1968, après la répression du Printemps de Prague, il s’exile avec son ami Forman à New York, où il poursuit une carrière américaine personnelle pleine de difficultés.

Si le scénario d’Éclairage intime se contente de peu de mot, c’est parce que Passer sait conter ses histoires à travers les plus menus détails. La réunion de Petr et Bambas, anciens compagnons que tout sépare désormais, n’est finalement que le prétexte pour filmer la vie comme elle va. Dans un style réaliste et tendre, Passer met en scène une galerie de personnages attachants. Pour les interpréter et par souci d’authenticité, le cinéaste ne choisit aucun acteur professionnel. 

Variation musicale sur les joies simples du quotidien, sur la vieillesse qui menace et les ambitions anciennes, Éclairage intime reste l’un des plus éloquents témoignages du « miracle tchèque ».

« Le film sera l’évocation d’une fin d’après-midi, d’une nuit et d’un petit matin, de la difficulté de retrouver les êtres semblables à ce qu’ils étaient, de l’ennui et de la monotonie des jours. 
Va-et-vient permanent de la sympathie à la critique, tendre et cruel, Éclairage intime se regarde comme un Vermeer soudain vivant, comme on écoute de la musique de chambre. (…) Le cinéma est sans doute avant tout une affaire de rythme. Passer en possède le sens au plus haut degré. » (Michel Ciment,Positif n° 81, février 1967)