Du soleil dans les yeux

Cinéaste méconnu du public français, Antonio Pietrangeli est un témoin privilégié d’une Italie en pleine métamorphose. Ce critique de cinéma passionné prêtera sa plume de scénariste à quelques-uns des plus grands noms du cinéma italien, de Visconti à Rossellini. C’est en 1953 qu’il passe derrière la caméra.

Son premier film, Du soleil dans les yeux, affiche déjà cette thématique singulière qui traverse son œuvre : celle de l’émancipation de la femme. Dans une production italienne essentiellement masculine, Pietrangeli se démarque par l’attention qu’il accorde à ses personnages féminins et à ses problématiques sociales. Ettore Scola, son ami et collaborateur, témoigne : « Son intérêt pour les problèmes de la femme était tout à fait étrange à l’époque. Il n’y avait pas de féminisme ; or il n’était intéressé que par des histoires fondées sur la psychologie féminine. » (Ettore Scola, Jeune Cinéma n° 249, mai/juin 1998).

Aux prises avec une société profondément machiste, la candide Celestina ouvre la voie à une lignée d’héroïnes emblématiques, en quête d’indépendance et d’affirmation de soi. Dans le drame comme dans la comédie, Pietrangeli s’impose en cinéaste du féminin, dirigeant avec talent ses actrices, italiennes ou françaises (Claudia Cardinale, Stefania Sandrelli, Simone Signoret, Emmanuelle Riva…). 

Porté par Irene Galter, tantôt lumineuse, tantôt tragique, Du soleil dans les yeux est un drame intime et engagé, annonciateur de l’œuvre dense et personnelle de Pietrangeli.