Ami des frères Prévert, Édouard Corniglion-Molinier, aviateur chevronné (il finira général), journaliste et producteur, décide, à la suite d'une rencontre avec Carné, de produire le second film du cinéaste, après Jenny (1936). Il lui en propose même le sujet, l’adaptation d’un roman policier britannique, His First Offence de Joseph Storer Clouston.
L’argument, difficilement racontable, est une suite de quiproquos dans la bonne société londonienne, une histoire de crime, de disparition, de mœurs légères… Carné rassemble une telle équipe technique et artistique que le tournage dure à peine plus de vingt jours, dans une ambiance joyeuse, malgré les querelles entre Jouvet et Simon. Carné est serein : « Je pensais très simplement que, là où je m’étais amusé comme un fou, les spectateurs feraient de même… Je devais tomber de haut. » (Marcel Carné, La vie à belles dents, éd. Jean Vuarnet)
Drôle de drame reçoit une volée de bois vert à sa sortie, spectateurs et critiques sont unanimes : « De qui se moque-t-on ?! » Pour André Maurois, « ce n’est pas un drame, mais ce n’est pas drôle. »
L’humour loufoque poussé à l’extrême, et l’esprit irrévérencieux du film ne sont pas compris. Le nonsense britannique est alors encore peu pratiqué. Pourtant Drôle de drame bénéficie d’une distribution exceptionnelle, et Carné manifeste un véritable talent de directeur d’acteurs, ce qui n’était pas si évident avec autant de vedettes sur le même plateau.
Deuxième film de la longue et fructueuse collaboration entre Carné et Prévert, Drôle de drame bénéficiera d’une bien meilleure réception lors de sa reprise après-guerre, gagnant ainsi la place qu’on lui connaît au sein du répertoire français. Le public était enfin prêt à l’accueillir.
« Il me paraît […] que l’originalité profonde de Drôle de drame a été caractérisée par une liberté totale d’expression et la synthèse de l’humour et de la poésie. Et c’est peut-être cela qui a surpris le public, mais c’est grâce à ce film que Prévert et Carné ont imposé au monde du cinéma la poésie burlesque, la qualité du verbe poétique, l’humour et la liberté totale dans les associations d’idées du montage. C’est ce qui me semble donner toute sa valeur moderne et future à Drôle de drame. » (Jean-Louis Barrault, préface de Drôle de drame, Balland)
Drôle de drame
France, 1937, 1h34, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Marcel Carné
Assistant réalisation : Pierre Prévert
Scénario & dialogues : Jacques Prévert, d’après le roman La Mémorable et Tragique Aventure de M. Irwin Molyneux (His First Offence) de Joseph Storer Clouston
Photo : Eugen Schüfftan, avec Henri Alekan
Musique : Maurice Jaubert
Montage : Marthe Poncin
Décors : Alexandre Trauner
Costumes : Lou Tchimoukov
Production : Édouard Corniglion-Molinier
Interprètes : Louis Jouvet (Archibald Soper), Françoise Rosay (Margaret Molyneux), Michel Simon (Irwin Molyneux), Jean-Pierre Aumont (Billy), Jean-Louis Barrault (William Kramps), Nadine Vogel (Eva), Pierre Alcover (l'inspecteur Bray), Henri Guisol (Buffington), Agnès Capri (la chanteuse des rues), René Génin (le balayeur), Ky Duyen (l'hôtelier chinois), Marcel Duhamel (le fêtard amoureux des enterrements), Jane Lory (Mme MacPhearson), Madeleine Suffel (Victory), Jenny Burnay (Mme Pencil), Max Morise (James), Annie Carriel (Élisabeth), Jean Marais (le fêtard assommé), Pierre Prévert (le crieur de journaux)
Sortie en France : 20 octobre 1937
Remerciements à Théâtre du Temple
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