Drôle d'endroit pour une rencontre

Diplômé de l’Idhec (devenue Fémis), François Dupeyron fréquente le cinéma militant et réalise documentaires, films industriels et courts métrages avant de se lancer, en indépendant, dans la réalisation de son premier long, Drôle d’endroit pour une rencontre. Après de nombreuses démarches, il va frapper à la porte d’Hachette et rencontre René Cleitman. L’homme, séduit par le scénario, veut le faire interpréter par des stars. On parlemente et très rapidement, Gérard Depardieu convainc Catherine Deneuve qui convainc Gérard Depardieu… Enthousiastes, les deux comédiens décident également de participer personnellement à la production de ce premier film.

Drôle d’endroit et drôle de rencontre. Une bourgeoise en vison complètement désespérée, un chirurgien un peu toqué, une aire d’autoroute. Le temps d’un week-end, ce lieu essentiellement de passage devient un lieu de vie, le décor, somme toute assez commun, du début d’une histoire d’amour minimaliste. Avec sa mise en scène fluide et ses longs plans-séquence, Drôle d’endroit pour une rencontre est baigné d’une étrange poésie. 

« Le petit matin est glacial et poisseux. Les cheveux portent encore les marques enchevêtrées d’une nuit passée sur la banquette d’une voiture. Le deuil, de plus en plus, affleure à l’orée du jeu de France (Catherine Deneuve). Le personnage entre dans l’exil de l’imaginaire en réponse au deuil amoureux qu’elle ne peut supporter. L’actrice, elle, fait son deuil des derniers fils qui la retenaient encore au réel, lorsque chez Téchiné par exemple, elle amenait déjà son jeu vers la folie. Dans Drôle d’endroit pour une rencontre, elle enlève le dernier filet pour se retrouver seule au-dessus du vide. Dernière audace. Sublime vertige. » (Thierry Clech, Cahiers du cinéma n°412, octobre 1988).

Le film, inattendu, étonnera une critique qui saluera l’audace et le talent de Dupeyron.