Driver

Trois ans après le remarqué Bagarreur, le cinéaste signe un second film : Driver. Incompris, il ne sera pas bien reçu par la critique. C’est le temps qui lui donnera l’aura qui est la sienne aujourd’hui, porté par des amateurs inconditionnels comme Michael Mann ou Nicolas Winding Refn. 

Driver est déroutant : les personnages n’ont pas de nom, sont réduits à leur fonction, à un trait de caractère (un exécutant, un flic obsessionnel, une femme fatale), taiseux, quasiment désincarnés. Seule compte la précision de leurs gestes. Ce sont des professionnels n’existant que par leur lien à un autre personnage.

Dans ce néo-noir, Walter Hill, grand admirateur de Jean-Pierre Melville, réduit son univers à l’épure. Alternant thriller psychologique et film d’action, Driver est essentiellement un film d’impressions, une chasse à l’homme stylisée à travers le macadam et les enseignes lumineuses de la cité des anges. 

« Reste la nocturne beauté plastique de pistes urbaines où s’élancent des voitures folles qui s’apaisent parfois comme des fauves un instant domptés. Leur précision graphique alterne avec les vertiges d’une caméra subjective suscitant une série de chutes optiques. Le récit de ce jeu d’échecs trouve alors sa géométrie visuelle. » (Jacques Fieschi, Cinématographe n°40, septembre 1978)