Close-Up

Au départ, un fait divers : divorcé et chômeur, un homme joue de sa ressemblance avec un réalisateur et profite de la passion pour le cinéma des membres d’une famille bourgeoise de Téhéran, pour leur faire croire qu’il va tourner un film dans leur maison. Abbas Kiarostami décide de rencontrer Ali Sabzian en prison et lui demande l’autorisation de filmer son procès pour escroquerie. « J’accepte si vous réussissez à exprimer ma souffrance à travers votre film. »

Close-Up est un film vertigineux. Il mélange les images du procès – plans d’ensemble comme gros plans (close-up) sur le visage de Sabzian – et les reconstitutions des événements par les vrais protagonistes. Kiarostami fait du documentaire avec de la fiction et de la fiction avec du documentaire. Le tout à travers plusieurs points de vue. Ce non-choix entre fiction et réalité sera la signature du virtuose iranien.

Ce film sur l’art et sur les faux-semblants est le portrait d’un homme oublié par le système. « Ni aventurier, ni petit escroc de l’imposture, Sabzian est d’abord un personnage de Kiarostami égaré de l’autre côté de l’écran : […] il a tranché les liens qui l’attachaient au réel, flottant dans une bulle d’imagination et de désir. » (Damien Aubel, Transfuge n° 36, janvier 2010). L’idée fixe, tellement cinématographique, de Sabzian : être un autre.