« Très chères Debby, Lora Mae and Rita, Désormais, vous devrez vous passer de moi. Ce n’est pas facile de quitter une ville comme la nôtre, de me détacher de vous trois, mes très chères amies qui avez tant compté pour moi. Aussi je me trouve très chanceuse d’emporter avec moi un souvenir de ma ville et de mes très chères amies que je n’oublierai jamais. En effet, puisque je pars avec l’un de vos maris. » La délicieuse missive d’Addie Ross, point de départ de l’intrigue…
Chaînes conjugales est, avec L'Aventure de Madame Muir, un des premiers véritables succès de Mankiewicz. Telle une « radiographie clinique de l’institution du mariage » (Isabelle Regnier), ce sixième film du cinéaste est un véritable bijou. Une voix-off (si douce) et trois longs flashback qui se répondent entre eux : la mise en scène est audacieuse pour l’époque. Élégant et intelligent, le film ne manque pourtant pas d’égratigner le vernis du mariage, l’obsession de l’ascension sociale et du conformisme de cette Amérique moyenne des petites villes anonymes.
Ce film grinçant est servi par un remarquable trio d’actrices – ainsi que par la quatrième femme, omniprésente et pourtant invisible. Ann Sothern y joue Rita Phipps, rédactrice pour la radio : elle est mieux payée que son mari (ce qui est encore fort rare dans les films hollywoodiens), qui lui, méprise le développement soudain de la publicité vendant du « déodorant comme source de bonheur ». Linda Darnell est Lora Mae Hollingsway, petite vendeuse ambitieuse, séductrice par arrivisme, qui a épousé son patron, et est devenue après coup, « une femme désabusée mais attachante ». Un rôle incarné par l’actrice avec « justesse et inventivité ». Enfin, Jeanne Crain est la magnifique Deborah Bishop, jeune provinciale ayant épousé un New-Yorkais de la bonne société, rencontré sur le front. Elle rêve de s’intégrer, d’être à la hauteur de son mari. « Parfois critiquée pour sa froideur, Jeanne Crain s’avère aussi touchante que belle, et contribue fortement à la réussite de ce film exceptionnel. Comment ne pas se dire que son mari est le plus chanceux des hommes, et comment ne pas vouloir tout le bonheur du monde à ce couple entouré dans le film de spécimens nettement moins ragoûtants ? » (Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes ).
Chaînes conjugales (A Letter to Three Wives)
États-Unis, 1949, 1h43, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Joseph L. Mankiewicz
Scénario : Joseph L. Mankiewicz, Vera Caspary, d’après l'histoire A Letter to Five Wives de John Klempner, parue dans Cosmopolitan Magazine
Photo : Arthur C. Miller
Musique : Alfred Newman, Johannes Brahms, Johann Strauss…
Montage : J. Watson Webb Jr.
Décors : J. Russell Spencer, Lyle Wheeler, Thomas Little, Walter M. Scott Costumes : Kay Nelson
Production : Sol C. Siegel, Twentieth Century-Fox
Interprètes : Jeanne Crain (Deborah Bishop), Linda Darnell (Lora Mae Hollingsway), Ann Sothern (Rita Phipps), Kirk Douglas (George Phipps), Paul Douglas (Porter Hollingsway), Barbara Lawrence (Georgianna Finney, dite Babe), Jeffrey Lynn (Brad Bishop), Connie Gilchrist (Mme Finney), Florence Bates (Mme Manleigh), Hobart Cavanaugh (M. Manleigh)
Sortie aux États-Unis : 20 janvier 1949
Sortie en France : 30 novembre 1949
FILM RESTAURÉ
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