Bleeder

Nicolas Winding Refn grandit entre Copenhague et New York, auprès d’un père monteur et d’une mère photographe. Alors qu’il s’apprête à entrer à la très sélective Danish Film School, il tourne le dos à sa formation et se lance tête baissée dans le tournage de Pusher, un film noir sur la délinquance à Copenhague, sous l’influence de John Cassavetes et de Martin Scorsese. Pusher marque la première collaboration du cinéaste danois avec Mads Mikkelsen, alors inconnu du grand public. Film radical et d’une extrême cruauté, il séduit la critique et devient aussitôt culte.

C’est fort de ce premier succès que le réalisateur signe Bleeder en 1999. Dans l’ancien quartier ouvrier de Nørrebro, le film suit les déambulations d’un groupe d’amis, tissant deux récits parallèles : celui du cinéphile Lenny et sa romance maladroite, et celui de Leo, rongé par ses démons. Nicolas Winding Refn renoue ici avec son trio d’acteurs, offrant à Mads Mikkelsen le rôle de Lenny, sorte d’alter ego du réalisateur. Le film est présenté au marché du film de Cannes et mène son auteur jusqu’à la Mostra de Venise. Malgré un succès d’estime, Bleeder ne sortira pas dans les salles françaises. 

Les épisodes 2 et 3 de la trilogie Pusher, entamée en 1996, et évidemment Drive, en 2011, font exploser la renommée de Nicolas Winding Refn. Récompensé à Cannes par le Prix de la mise en scène, Drive rencontre son public et remporte les éloges de la critique. Aujourd’hui, Nicolas Winding Refn s’impose comme l’un des cinéastes majeurs de ces dix dernières années. De Valhalla Rising à The Neon Demon, il livre une œuvre furieuse et virtuose, à laquelle Bleeder appartient pleinement. Thriller intimiste, traversé par des éclairs d’une absolue violence, Bleeder est un film méconnu et éminemment personnel.