Née à Los Angeles en 1897, Dorothy Arzner évolue très tôt parmi les acteurs : son père Louis tenait un restaurant à Hollywood, fréquentée par de nombreuses vedettes. Elle entame des études de médecine à l’université, mais, en visitant un studio, elle décide de devenir réalisatrice : « Quitte à entrer dans l’industrie du cinéma, autant être cinéaste, car c’est lui qui dirige tout le monde. » Elle entre en 1919 aux studios Famous Players-Lasky Corporation (futurs studios Paramount) en tant que dactylo au service des scénarios. Elle gravira un à un tous les échelons, devenant tour à tour lectrice de scénarios, scripte, assistante monteuse, chef monteuse, scénariste. Alors qu’elle envisage de rentrer à la Columbia pour enfin devenir réalisatrice, elle est retenue de justesse par la Paramount qui lui confie la réalisation de Fashions for Women en 1927.
Trois ans plus tard, Dorothy Arzner signe Anybody’s Woman, succès critique et public. Ruth Chatterton, star du film, y est une jeune femme libre, mariée par hasard à un homme, désirée par un autre. Elle essaiera de s’intégrer dans le monde de son nouvel époux, peu enclin à l’accueillir. Une storyline classique, mais traitée par Dorothy Arzner, le résultat est très différent. Le film est à contre-courant. Alors que bon nombre de films montraient alors des happy-ends éblouissantes, la fin d'Anybody’s Woman est d’une étonnante sobriété. Des retrouvailles simples, l’acceptation de l’autre, de la tendresse, aucune effusion, pas de romantisme.
C’est lors d’une nuit d’ivresse que Pansy et Neil se marient. Rappelons qu’en 1930, quelques temps avant la mise en application du rigoriste Code Hays, il s’agit là d’une étonnante façon de débuter une vie maritale, même pour un divorcé et une artiste de music-hall ! Les hommes, quelque peu portés sur la bouteille, font pâle figure dans les films de Dorothy Arzner, celui-ci ne fait pas exception.
« Il faut avoir vu le premier plan de l’actrice, cuisses ouvertes, toutes jarretières dehors, et minou juste caché derrière un ukulélé. Arzner assène de dures vérités sur le soi-disant beau monde fréquenté par l’avocat, et Chatterton est touchante dans le rôle, composé de dureté vulnérable. » (Philippe Garnier, Libération, 4 avril 2009). Un argument de plus pour découvrir ce film rarissime.
Anybody’s Woman
États-Unis, 1930, 1h20, noir et blanc, format 1.20
Réalisation : Dorothy Arzner
Scénario : Zoe Akins, Doris Anderson, d’après la nouvelle The Better Wife de Gouverneur Morris
Photo : Charles Lang
Montage : Jane Loring
Production : Paramount Pictures
Interprètes : Ruth Chatterton (Pansy Gray), Clive Brook (Neil Dunlap), Paul Lukas (Gustav Saxon), Huntly Gordon (Grant Crosby), Virginia Hammond (Katherine Malcolm), Tom Patricola (Eddie Calcio), Juliette Compton (Ellen), Cecil Cunningham (Dot), Charles Gerrard (Walter Harvey), Harvey Clark (Mr. Tanner), Sidney Bracy (le majordome), Gertrude Sutton (la servante)
Sortie aux États-Unis : 15 août 1930
Remerciements à UCLA
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