Les Guerriers de la nuit

Une nuit à lutter pour regagner son territoire de Coney Island et sauver sa peau. Dans son troisième long métrage, Walter Hill adapte le roman de Sol Yurick publié en 1965, version moderne de l’Anabase de Xénophon transposée dans le New York fiévreux des années 1960. 

New York est ici terrifiante, exclusivement nocturne. Le rythme est soutenu, aucune relâche, peu de respiration. Lecteur fanatique de bandes dessinées, et particulièrement des EC Comics, Walter Hill traite ses images comme des cases : elles sont fortes, lumineuses.

Les Guerriers de la nuit interroge ces sociétés qui, partout dans le monde, poussent leur jeunesse défavorisée à se monter en gang pour attaquer ceux qui sont aussi démunis qu’eux, défendant un territoire qu’ils pensent détenir alors qu’ils ne possèdent rien. À sa sortie, le film sera mutilé dans certains États, interdit aux mineurs dans d’autres. Il inciterait la jeunesse à la révolte…

« Avec The Warriors, le cinéma américain assume à nouveau une de ses fonctions sociales : exprimer la colère des exclus. Mais ce film n’est pas un simple film d’action : c’est une fantasmagorie qui s’ancre dans les goûts des dépossédés pour y puiser son style : enseignes au néon, graffitis, plaisir du clinquant… The Warriors nous fait entrer dans la mentalité tribale et virile des gangs urbains et dans les sensations de ces jeunes, qui croient s’être rendus maîtres de la rue parce qu’ils ont exclu d’autres jeunes. Ce monde n’est peuplé que de gosses et de flics, et la lâcheté y est le pire des crimes. […] The Warriors est l’œuvre d’un authentique cinéaste. Il provoque sur le plan visuel le même choc que Rock Around the Clock au générique de Graine de violence : c’est du rock en images et d’une fascinante intensité. » (Pauline Kael, The New Yorker, 5 mars 1979)