Walter Hill
master classe


POSTÉ LE 11.10.2016 À 10H


 

Elevé à la B.D., Walter Hill a livré une solide master class de plus d'une heure encadrée par l'avisé Yves Bongarçon. Le cinéaste a tenté de nous faire croire que son succès à Hollywood était dû à son joli sourire. La conversation qui a suivi à la Comédie Odéon de Lyon a montré que c'était bien plus que ça. Extraits choisis...

 

Odeon 10 10 Walter Hill Chassignole 02

© Institut Lumière / Photo Olivier Chassignol

 

"Aucun cinéaste n'est modeste, nous sommes tous des summums d'ego."

"Il m'a fallu 4 ou 5 ans pour réussir à écrire un scénario correctement et à partir de là bien gagner ma vie."

"Je ne suis pas un bon producteur [Walter Hill est le producteur des films Alien (!!!)], j'ai horreur de téléphoner. Mon boulot de producteur c'est superviser des scénarios."

"Avec mon frère on allait voir toutes les nouveautés au cinéma. J'aimais tout avec une préférence pour les westerns, mais vraiment j'aime tous les styles de cinéma excepté les films pour enfants. Ca je n'ai jamais pu. Je ne sais pas pourquoi."

"C'était difficile de parler avec Sam Peckinpah pour lequel j'ai écrit le scénario de Guet-apens (The Getaway, 1972). Peckinpah était très intelligent. Il jouait au cow boy inculte mais, en réalité, il connaissait très bien l'histoire du cinéma. Il était alcoolique, ce n'est un secret pour personne. Il y a des alcooliques dans ma propre famille, donc je connais bien le problème. Il est très difficile de travailler avec des alcooliques, il faut slalomer entre les moments de cuites et les moments de gueule de bois. Un matin Peckinpah était furieux. Le journal Newsweek l'accusait d'avoir piquer ses idée de ralentis à Arthur Penn, qu'il n'aimait pas du tout. Je lui ai dit que cela n'avait aucune importance car Penn avait piqué cette idée à Akira Kurosawa ! Mon argument n'a pas du tout marché et ça a été infernal avec Sam. Heureusement c'était quelqu'un de très drôle, il pratiquait beaucoup l'ironie. Il se plaisait à ne pas rendre facile la vie des autres !"

"Quand j'ai réalisé pour la première fois, je n'avais pas les compétences mais j'avais quand même roulé ma bosse. La question centrale pour un cinéaste, c'est de trouver sa personnalité. Et au début on est vraiment tout seul, et tout nu !"

"Nick Nolte ne voulait pas jouer dans 48h (1982). « Je peux pas jouer un flic ! J'suis pas un flic ! » ronchonnait-il en permanence. Face à lui il y avait Eddie Murphy qui venait du stand up à New York et qui rêvait de faire un film, n'importe quel film ! Quand je lui ai proposé le rôle, il m'a dit : « OK ! A condition que je porte pas des fringues de prisonnier mais un super costard ! ». Chaque jour sur le plateau, Nolte débarquait en me disant : « Bon Dieu Walter ! Cette scène ne fonctionne pas ! » Moi je savais que ça marchait, alors on répétait encore et encore. La difficulté résidait dans le fait que Nolte était un comédien et que Murphy n'en était pas un, c'était une nature, mais il ne savait pas encore jouer. Il débutait. Il fallait s'adapter à lui comme on le fait quand on dirige des enfants. Je prévenais Nolte en lui disant : « On prendra les prises où Eddy est bien. » Ca le faisait râler encore plus, mais Nolte était passionné par son métier, ce qui le rendait passionnant, et il a trouvé une excellente façon de partager avec Murphy qui était génial.

 

Propos recueillis par Virginie Apiou

Catégories : Lecture Zen