Trois visages d'Eve,
trois visages de Catherine Deneuve


Posté le 10.10.2016 à 11h


 

A l'image des ovales qui entourent les visages des acteurs dans les génériques de certains films de François Truffaut, les trois longs métrages projetés ce dimanche 9 octobre présentent trois visages de Catherine Deneuve sur une même époque. Trois ovales énigmatiques d'une comédienne qui ne s'explique pas mais qui montre par la précision de son visage l'exactitude de son talent. Elle est La Sirène du Mississippi (François Truffaut, 1969), Tristana (Luis Bunuel, 1970), et Peau d'Ane (Jacques Demy, 1970).


La Sirène du Mississippi

« Enfin laide !... », c'est dialogue le plus beau, le plus spirituel, et le plus particulier aussi, qui fut imaginé s'adressant au visage de Catherine Deneuve. Cette réplique nerveuse explose d'un seul coup  dans le polar signé de perdition intime du pourtant doux François Truffaut. Deneuve y impose alors un visage déformé par la cupidité, mais aussi contrarié par l'amour. Quand son partenaire, Jean-Paul Belmondo prononce cette phrase, il la dit de façon très assurée, comme un soulagement, celui de peut-être pouvoir échapper à la beauté de sirène de cette fille dévorante et retorse interprétée par une Deneuve qui tord sa bouche.

SIRENE-DU-MISSISSIPPI

Tristana

Regard d'en haut, sans sourire, le visage de la rousse (comme dans La Sirène du Mississippi) Tristana-Deneuve est tellement lisse et magnifique que seuls les yeux, sans expression aucune qui considèrent le monde autour d'elle, reflètent l'état intérieur de cette héroïne qu'on a tué vivante. Il s'agit de devenir Tristana, ou l'image de la vraie tristesse, pleine de dureté, dévidée, qui n'est plus en mesure de plus jamais rien ressentir. Le visage de Deneuve devient une abstraction, un tableau total à la Luis Bunuel, un enchantement maléfique définitif, sans bruit mais qui vous regarde, longtemps.

TRISTANA

Peau d'Ane

La beauté de Catherine Deneuve est si propice au statut de princesse de contes de fées qu'elle ne peut qu'irradier. Visage ironique à la Mona Lisa qui ne lâchera pas un mot. Petit, imperceptible sourire aux lèvres, la princesse Peau d'Ane regarde son prince charmant à travers son petit miroir (ovale) de boudoir, plongeant ainsi un regard, indirect mais direct, au spectateur saisi par l'enchantement mutin et assuré de l'actrice. Blonde parfaite, cheveux épais cernant le front, les pommettes et la bouche, Deneuve est un visage sans tragédie, mais très très énigmatique. Plus libérée que les princesses de Disney actuelles ! Ce visage ne se contente pas de faire ce qu'il veut, il interroge.

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® 2003 succession Jacques DEMY

 

 

Virginie Apiou

 


> La Sirène du Mississipi de François Truffaut (1969, 2h03)
Comœdia ma 11 à 14h30 l Pathé Bellecour je 13 à 10h45 l Pathé Vaise di 16 à 15h
Information et réservation

 

> Tristana de Luis Buñuel (1970, 1h40)
Bron ma 11 à 20h30 l UGC Astoria me 12 à 20h30 l Institut Lumière je 13 à 19h15
Information et réservation


> Peau d’âne de Jacques Demy (1970, 1h29)
Pathé Bellecour ma 11 à 11h l Sainte-Foy-lès-Lyon sa 15 à 17h l UGC Astoria di 16 à 14h30
Information et réservation

 

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