Trois raisons de découvrir/lire/aimer
Jim Harrison


Posté le 09.10.2016 à 12H


 

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Il était américain et français à la fois

La légende prête à Jim Harrison des ancêtres parfaitement conformes : de rugueux suédois armés de bibles et de fusils, une mère tonitruante et un père « travailleur et mélancolique ». Du Dakota au Michigan, il n’a cessé de vivre à la lisière du rêve américain, effrayé par le progrès, arcqueboutté sur un mode de vie où la simplicité et le partage ont valeur de boussoles obligatoires. Il a connu d’évidents succès aux Etats Unis, mais ses amis français ont toujours plébiscité avec fièvre cet Obélix capable de tenir bon face aux envahisseurs administratifs et politiques de tout poil. Bien plus qu’Hemingway, il vénérait Bachelard et tous nos poètes réunis. De la France, il appréciait la table, les vins, les campagnes miniatures et un certain sens de l’hospitalité. Ses hôtes le lui rendaient bien qui, en retour, dévoraient à pleines dents ses histoires d’ours et d’indiens égarés dans les grandes plaines.

Il se méfiait des villes et des hommes

Perdu sur les rives du lac Michigan, Lake Leelaneau où il résidait n’est pas une métropole spécialement schizophrène. Suffisamment agitée cependant pour inciter Harrison à se réfugier plus avant dans une cabane de rondins perdues dans les sous-bois chaque fois que l’envie lui prenait de se concentrer sur un livre. Au milieu des oiseaux – dont il identifiait sans difficulté six cent espèces – cet émule de Muir et de Thoreau pouvait enfin se débarrasser de ses chaînes et retrouver son animalité perdue. L’œuvre de Harrison bouge, galope, aboie au milieu d’un continent originel où seul importe la conquête des nourritures et des territoires et toutes les enjeux qui s’y rapportent.

Il aimait le cinéma plus que le cinéma ne l’aimait

C’est parce que « Dalva », « Un bon jour pour mourir » ou « Faux soleil » sont écrits en cinémascope que l’on imaginait d’emblée que l’œuvre de Harrison s’accommoderait au mieux avec le cinéma. Pas si simple. Comme Faulkner ou Fitzgerald avant lui, le généreux pourvoyeur d’épopées XXL fit le voyage d’Hollywood et y cassa sa plume plus souvent qu’à son tour. Les tentatives furent nombreuses (avec Huston, Lean, Scott, Nicholson), plus ou moins abouties ou abandonnées, mais jamais totalement satisfaisantes. Avec une exception à la règle comme de bien entendu : « Les Légendes d’automne » où, certes, il aurait apprécié « plus de sang et de boue », mais dont il aimait parfaitement l’esprit.


Benoît Heimermann

 


Hommage à Jim Harrison

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Catégories : Lecture Zen