Posté le 11.07.2016 à 14H36
C'est une galaxie, qui mériterait une infographie inventive et complète : le "film de potes", sous-genre du "film choral". On pourrait s'amuser à délimiter des sous-ensemble : il y a le film de potes nostalgique, sur le mode "que sommes-nous devenus ?" - Nous nous sommes tant aimés, d'Ettore Scola, en reste l'indépassable leader. Il y a les films où les potes font ensemble des choses que nous, spectateurs, pourrions faire tout comme eux : randonner en Corse, partir au Club Med ou au Cap-Ferret, faire du ski à Val d'Isère, etc. Et d'autres où les potes font des trucs durs à imiter : s'improviser en bandits post-modernes, tuer des généraux nazis ou aider un village mexicain contre des bandits (ok, Les Douze salopards et Les Sept Mercenaires ne sont peut-être des "film de potes" qu'à la marge...)
La nuit "Bande de potes", le samedi 15 octobre, de 21h à l'aube, à la Halle Tony Garnier, dans le cadre du Festival Lumière, nous fait revenir aux sources du genre, et couvre assez bien les sous-catégories (non exhaustives) imaginées plus haut. Odyssée haute en couleurs entre copains flibustiers ? Voici L'Aventure c'est l'aventure (1972), du Claude Lelouch pur jus, qui réunit une triplette de malfrats (Ventura, Brel, Denner) et leurs Sancho Pança (Charles Gérard, Aldo Maccione) cherchant à profiter (en dollars si possible) des "-ismes" du moment : puisque la politique rapporte plus que les banques, lançons-nous au service des révolutions d'Amérique du Sud ou d'Afrique... Epopée hilarante dont l'un des hauts faits reste à jamais un spectaculaire cours de drague sur la plage, utile à réviser avant ses vacances.
Odyssée haute en couleurs (acte 2) entre copains à doudoune ? Voilà Les Bronzés font du ski, de Patrice Leconte (1980), qu'on a vu et revu, mais dont la puissance comique, quasi-"punk", éclatera comme jamais sur grand écran. On n'ignore plus rien du "lancer de bâton", de l'art d'ouvrir une serrure de voiture gelée, ou de la liqueur à l'échalote - qui sans ail et sans crapaud, n'a aucun goût, mais on ne s'en lasse pas... Odyssée haute en couleurs (acte 3) entre ex-musiciens dépressifs ? Inclinons-nous devant le meilleur film de Jean-Marie Poiré, Mes meilleurs amis (1989), co-écrit avec Christian Clavier, où les expériences artistiques diverses, en flash-back, d'une poignée d'amis aujourd'hui inégalement embourgeoisés, provoque un rire plus mélancolique. Une tendresse particulière, derrière Bacri, Clavier, Lanvin, pour Jean-Pierre Darroussin, tignasse frisée au vent, le cerveau un peu abîmé par l'abus de fumette, devenu d'une voix traînante le dédramatiseur n°1 : "Y a pas mort d'homme..." Comme chantait Brassens, "C'étaient pas des amis de luxe / Des petits Castor et Pollux / C'étaient pas des amis choisis / Par Montaigne et La Boetie /Sur le ventre ils se tapaient fort / Les copains d'abord."
Dans Very Bad Trip, de Todd Philips (2009), seule excursion transatlantique de la nuit, l'amitié devient carrément dangereuse, l'odyssée haute en couleurs entre potes sur-éméchés (acte 4) à n'imiter sous aucun prétexte : perdre le futur marié à las Vegas à l'issue d'un enterrement de vie de garçon trop arrosé, ça craint. Hilarant et ultra-trash, le film fait de "l'écurie" comique concurrente, celle de Judd Apatow, un gentil groupe d'enfants de choeur... Avec en son coeur l'un des plus beaux personnages de comédie américaine de tous les temps : le rouquin barbu imprévisible et sans manières joué par Zach Galifianakis... Odyssée haute en couleurs de pote cinéphiles (acte 5) : se rendre à la Nuit en bande, et s'y faire de nouveaux amis...
L’Aventure c’est l’aventure / Very Bad Trip / Les Bronzés font du ski / Mes meilleurs copains
À la Halle Tony Garnier
Samedi 15 octobre de 21h à l'aube