Clôture de Lumière 2016
L'élan de la mélancolie

Posté le 16.10.2016 à 18h

© Institut Lumière / Lea Rener

« La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste ». Tout au long de son séjour lyonnais, Catherine Deneuve aura donné corps à l'adage hugolien, évoquant à chaque occasion le mélange de reconnaissance et d'illégitimité que lui inspirait l'attribution du Prix Lumière à son égard. Une ambivalence qui ne l'a pas empêchée d'avouer que cette marque de discernement était « la plus belle qu'elle ait reçue », au terme d'une cérémonie de clôture pleine d'émotion.

Une cérémonie, par définition, est un événement au déroulé millimétré. Celle qui clôt le festival Lumière n'échappe pas à la règle : de la diffusion du clip résumant la carrière du récipidendaire du Prix Lumière à l'appel sur scène des bénévoles et équipes qui rendent l'événement possible, les habitués connaissent cette petite musique rituelle orchestrée par Thierry Frémaux sur le bout des doigts. Mais, et c'est là toute la beauté des célébrations honorofiques, les émotions qu'elles catalysent sont autant de grains de sable à la douceur canaille.

Ce sont les applaudissements admiratifs des 5000 spectateurs de la Halle Tony Garnier, debout comme un seul homme à l'arrivée de l'invitée d'honneur de cette édition 2016. Ce sont les anecdotes de tournage du réalisateur Régis Wargnier (mais aussi celles de récréation, à l'instar des fêtes semble-t-il mémorables que Catherine Deneuve se plaisait à organiser pour l'équipe), racontées comme on énumère les jalons d'une amitié de longue date. Ce sont les larmes de l'actrice franco-vietnamienne Linh Dan Pham, jeune révélation d'Indochine venue spécialement saluer sa «maman de cinéma ». C'est cet arbre de jade offert par Gérard Collomb, écho amusé à une passion pour la chose botanique confessée par son hôte au cours de l'une de ses nombreuses apparitions.

Et c'est enfin, une nouvelle fois, l'émoi pudique de Catherine Deneuve, reine sans couronne qui, au-delà de sa qualité de première femme à recevoir le Prix Lumière (et première personne à avoir tourné son premier film rue du Premier Film depuis Louis Lumière avec son remake de La Sortie des usines Lumière), aura marqué l'histoire du festival comme on se laisse tomber dans la neige : avec retenue, malice et confiance. Vivement l'année prochaine.

Benjamin Mialot