Posté le 13.10.2016 à 10h30
Quel est son secret ? Star ou pas, il a le chic pour mettre les gens à l’aise. Cela semble simple et c’est justement ce qui fait l’artiste. Car, il ne cesse de le répéter, la technique c’est une chose, la psychologie c’en est une autre. Fort d’un CV de photographe digne des célébrités qu’il met en boite, Marcel Hartmann peut impressionner, mais les beaux clichés de festivaliers Lumière qu’il prend depuis quatre ans témoignent qu’il sait briser la glace.
Photos Marcel Hartmann
D’Irving Penn à Richard Avedon en passant par Peter Lindbergh, il a travaillé aux côtés des plus grands de la mode. Il vient surtout de l’école Dominique Isserman, car c’est avec cette immense professionnelle qu’il a « tout vu et tout appris ». Jean-Paul Gaultier s’en est mêlé et sa réputation était lancée. Du festival du film américain de Deauville au festival de Cannes, ses portraits de Vincent Lindon ou de Michael Douglas ont fait de lui ce photographe reconnu publié dans Vanity Fair, L’Optimum ou le Magazine du Monde. Des anecdotes, il en a toute une réserve, et s’amuse encore à remémorer l’effet « Johnny Depp » sur les femmes, aussi beau de face que de dos !
Cette année, il a de nouveau posé son studio dans une salle du musée des Frères Lumière. On l’a compris, inutile d’être célèbre pour intéresser Marcel Hartmann, car tout anonyme peut se révéler passionnant. Lors des trois journées de shooting continu qu’il consacre aux festivaliers, vingt minutes de pose suffisent à créer un contact avec le sujet, aussi furtif soit-il. « Une photo ne se fait pas avec la tête mais avec le cœur », dit-il, et le généreux photographe s’applique à regarder les gens dans les yeux. Il use de plein de petites astuces pour détendre l’atmosphère, musique, blagues ou anecdotes personnelles. Sans trop parler pour autant, car justement, il faut rester naturel. « Au début, ils disent tous ne pas être photogéniques ». Chacun recevra pourtant sa magnifique photo en noir et blanc. Pour le côté glamour bien sûr, mais aussi, parfois, pour masquer l’effet multicolore de certaines tenues bariolées !
Sarah porte sa robe noire et son rouge à lèvre rose pour la séance photo. Ce matin, sa sœur lui a lancé : « La classe ! ». Cette étudiante en communication de 20 ans est à l’aise, cette photo sera un beau souvenir à montrer à son entourage. Suit Claire, l’œil pétillant, les cheveux auburn et la tenue assortie. « Je retire mes lunettes » ? Marcel l’encourage à faire ce qu’elle veut. Il lui pose quelques questions sur son programme du jour, tente de la détendre, mais ça n’est pas vraiment nécessaire : « Je ne suis pas stressée, je ne passe pas un examen ! » La séance de cette festivalière assidue se termine sans lunettes, et dans la bonne humeur. Franck lui succède. Consultant rasé de près, il dit en porter l’uniforme avec son pardessus beige au col relevé. Il reste debout et fixe l’appareil photo. « Je suis photographe amateur. » Il repart avec quelques conseils généreusement prodigués par le maître.
Rebecca Frasquet