Chantal Akerman,
fille du monde


Posté le 11.10.2016 à 17h


 

De partout ou d'ailleurs, Chantal Akerman, réalisatrice observatrice des autres et d'elle-même « est » un cinéma de toutes les textures, avec un point commun : la séduction par le documentaire.

L'image du documentaire. Son bruit, aussi. D'est projeté à Lumière, c'est un hommage précis, dansant, élégant, un voyage à travers l'est de l'Europe en 1993. On retrouve les rituels Akerman très émouvants, des silhouettes verts de gris, blafardes mais qui dansent comme des dingues dans une salle de bal et les fameux profils de table de cuisine. Telle Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975, Delphine Seyrig en héroïne de fiction pour Akerman) qui fait des escalopes panées attablée sagement, un homme de l'est, et D'est, mange sans prêter attention à la caméra avec une tranquillité dantesque. La cuisine, comme chaque lieu choisi par Akerman, (ah les ascenseurs, leurs boutons graphiques ! Ah les fenêtres d'hôtel ouvertes !) sont des territoires où chaque action est importante.

814728 Web Akerman

Embarquer avec Chantal Akerman est toujours un voyage sensible, intérieur, paradoxalement basé sur des paysages d'un graphisme infernal qui fait toute l'unicité de l'oeil de la cinéaste belge et sa surprise aussi. Akerman ce sont des scènes insoupçonnables et comme brisées mais si fortes. Jean-Pierre Cassel quasi nu, couché, implorant son amante jouée par Aurore Clément de ne pas être trop érotique avec lui, comme une gêne dans Les Rendez-vous d'Anna (1978). Une vie au présent qu'il faut explorer dès maintenant.


Virginie Apiou

 

 



Hommage à Chantal Akerman

D’Est de Chantal Akerman (1993, 1h55)
Jeudi 13 octobre à 14h30 au CNP Bellecour
Vendredi 14 octobre à 14h30 au| Cinéma Opéra

Catégories : Lecture Zen