Posté le 09.10.2016 à 17h
On feuillette son programme, on vérifie la batterie de son appareil photo. Dans la salle du Pathé Bellecour ce dimanche après-midi, on trépigne d’impatience. Dans quelques minutes, le film Hollywood Vixens (Beyond the Valley of the Dolls) sera projeté. Mais dans la tête des festivaliers, plein de questions se bousculent : Tarantino va-t-il venir ? Est-ce qu’il va crier « Vive le cinéma ! » (ou peut-être « Vive le Festival Lumière ! »). Un suspense insoutenable, dissipé au bout de quelques secondes lors de l’arrivée de "Quentin", pour les intimes.
© Institut Lumière / Photo Sandrine Thessilat
Trois ans après son sacre au Festival Lumière, le réalisateur de Pulp Fiction revient déclarer sa flamme au cinéma devant un public conquis. Et pour fêter leurs trois ans de passion, le cinéaste-cinéphile n’est pas venu les mains vides : "Quentin" a concocté une sélection de films de l’année 70. Du polar à la sauce anglaise ou chabrolienne, de l’horreur signée Argento ou de la baston version Altman : le menu est alléchant !
En guise de mise en bouche le cinéaste a choisi Hollywood Vixens (Beyond the Valley of the Dolls) de Russ Meyer. Un classique de l’année 70 pour Tarantino :
«ce film a vraiment marqué un tournant dans l’histoire du cinéma américain : on est passés de l’ancien au nouvel Hollywood. C’est le moment où le cinéma érotique a commencé à sortir des salles dédiées au porno, où il est devenu accessible à tous. Il y avait un réel espoir de voir ce genre dépasser ses propres frontières. »
Scénarisé par Russ Meyer et Roger Ebert, Hollywood Vixens est d’ailleurs un des rares films érotiques produit par la conservatrice Twentieth Century Fox : « le film a été un énorme succès et cela a d’ailleurs beaucoup embarrassé la Fox ! » confirme Tarantino. Pour les Américains, le rêve d’émancipation du cinéma érotique a été de courte durée, mais heureusement pour nous, "Quentin" aime faire durer le plaisir : « faisons comme si cet espoir s’était concrétisé, au moins le temps de cette séance. » Comme il le dirait lui-même : « Give it to Mister Meyer ! ».
Laure Lepine
La suite du programme Quentin Tarantino : 1970