Le Vent de la nuit

Première apparition de Catherine Deneuve dans l’univers très personnel de Philippe Garrel, Le Vent de la nuit est une œuvre à vif, intransigeante. Spécialiste d’un cinéma intimiste, Garrel filme l’angoisse de la vieillesse, la peur de vivre, la fin du désir, mais également le suicide, le tout avec une sérénité certaine.

Trois personnages et une voiture : un tel résumé ne trahit rien d’un film où tout est vibration. Histoire d’amour, de voyage et de mort, Le Vent de la nuit est la rencontre entre trois êtres et deux générations. Les deux hommes : l’un, héritier désespéré de mai 68, veut mourir ; l’autre, sculpteur, ne sait comment vivre. Il veut comprendre, apprendre. Mais le premier (Daniel Duval, impressionnant), est mutique, muré dans ses douleurs passées. Alors que se déroule ce road movie élégiaque, traversé d'un spleen sublimé par la musique de John Cale, une femme attend, rongée par l’impatience. Bien que peu présente à l’écran, le personnage d’Hélène, incarné par Catherine Deneuve, irrigue tout le film. 

« La grande beauté du Vent de la nuit (comme de tous les films récents de Garrel) réside précisément dans cette alchimie curieuse et obsédante qui entraîne le cinéaste à enregistrer des moments en creux, suspendus, au-delà des dialogues, des situations, du contexte… Cette ambition-là, cette recherche impérieuse, fait du cinéma de Garrel, dans un paradoxe seulement apparent, le plus circonscrit et le plus ambitieux qui soit. Cinéma qui relève exclusivement du lent travail de suggestion de la mise en scène pour traduire la quintessence d’un instant, du frôlement des corps, de la durée d’un regard. » (Olivier De Bruyn, Positif n°43, mars 1999)